Guinée : 1er Mars 1977, décès de Diallo Telly dans les geôles du camp Boiro

Il y a juste 46 ans, le 1er mars 1977 au matin, que meurt le premier secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) Diallo Telli, dans la cellule 52 du camp Boiro, à Conakry.

Il y a été transféré deux semaines auparavant, et la lettre D tracée sur la porte métallique hermétiquement close de sa cellule indique « Diète noire », c’est-à-dire ni nourriture ni eau.

Plusieurs autres détenus du « complot peul » de l’année précédente, traités comme lui, meurent dans les mêmes conditions. Après quelques prélèvements symboliques qui serviront à des séances rituelles, leurs corps seront ensevelis sans cérémonie religieuse au cimetière de Kaporo, et leurs effets personnels brûlés.

Diallo Telli avait été arrêté sept mois auparavant, dans la nuit du 18 au 19 juillet 1976, à son domicile, qui, ironie du sort, se trouvait juste au-delà du mur du camp Boiro. Le 9 août sont diffusées en public ses premières « confessions » sur un complot dont il serait l’inspirateur, mais elles apparaissent insuffisantes à Sékou Touré, qui demande que cet « ingrat » qui lui doit tout soit « réinterrogé ».

Le comité révolutionnaire, dirigé par Ismaël Touré, sait employer les méthodes qu’il faut : le 22 août, de nouveaux aveux encore plus invraisemblables que les premiers sont diffusés. Il reconnaît notamment avoir été recruté pour la CIA par Henry Kissinger lui-même, et devait prendre la tête d’un gouvernement favorable aux intérêts occidentaux, après avoir éliminé Sékou Touré et mis fin à la Révolution.

 

Barry Bantignel