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Procès des massacres du 28 septembre : témoignage pathétique d’une victime de viol « Ils m’ont déshabillée toute nue. Ils ont fait rentrer leurs mains »

L’audience publique a effectivement repris ce mercredi 15 mars 2023 après un mois de débats à huis-clos. Pour cette reprise, Fatoumata Barry, victime de viol a été invité a livré sa

« Le lundi 28 septembre je suis sortie de la maison avec ma cousine pour aller au stade où la manifestation était prévue. Arrivées aux environs du stade, nous avons trouvé Thiegboro Camara en compagnie de ses gardes qui disaient aux jeunes de reporter la marche. Un homme est sorti de la cour pour lui dire non. Il a ajouté que c’est ce jour que nous avons dit Non au général De Gaulle et c’est le 28 septembre aussi que nous dirons à la candidature du capitaine Moussa Dadis Camara. Aussitôt, Thiegboro Camara à demander où sont les leaders politiques. Les jeunes ont répondu qu’ils sont vers l’université. Ma cousine et moi ainsi que les autres manifestants avons continué notre chemin pour entrer au stade. L’ambiance était festive. Des jeunes priaient sur la pelouse. Les leaders, une fois à l’intérieur du stade, ont tenu des discours. Quelques minutes après, j’ai aperçu monsieur jean Marie Doré qui rentrait dans le stade. Et peu de temps après, des militaires ont commencé à tirer. Il y a eu des affrontements entre militaires et manifestants. Les militaires ont ensuite fermé les petites portes du stade et laissé les deux grandes portes ouvertes avant de foncer sur la foule qui se trouvaient à l’intérieur. Le carnage a commencé. Ce jour-là, nous avons vu toute sorte de choses. Beaucoup de choses se sont passées, mais si aujourd’hui, nous sommes devant vous, c’est pour sauver la nation. Il y a eu tellement de choses que jusque-là où je suis assise, quand je me couche la nuit, c’est ce que je vois malgré que ça fait 13 ans. Nos agresseurs tenaient des propos comme : ‘Nous allons tous vous tuer’. Ceux qui sont censés nous protéger nous disent cela. Pendant une heure, ils nous frappaient avec leurs matraques et les crosses de leurs fusils. J’ai poussé ma cousine pour que nous allions chercher une sortie. Elle pleurait et disait qu’on allait mourir. Des jeunes ont réussi à s’échapper avec ma cousine. Je cherchais aussi à m’échapper quand j’ai aperçu une dame et je me suis rapprochée d’elle, pensant qu’on allait me laisser à cause celle-là. Un groupe de militaires est arrivé et a demandé à la femme pourquoi elle est venue au stade. N’ayant même pas laissé le temps à la dame de répondre, leur chef lui a automatiquement administré une gifle. Voyant cela, j’ai essayé de m’échapper vers le grand portail. Quand des policiers et gendarmes m’ont arrêtée et c’était autre chose. Ils m’ont giflée et ont pris un couteau pour déchirer mon pantalon. Ils m’ont déshabillée toute nue. Ils ont fait rentrer leurs mains, m’ont jetée au sol et continué à me frapper à l’aide de bois jusqu’à ce que je cesse de pleurer. Ils m’ont laissée un peu pour revenir. Ils ont écarté mes jambes, ils ont introduit leurs mains. Il n’y a pas ce que je n’ai pas eu. Je pleurais, criais et les suppliais. J’ai dit aux gendarmes et aux policiers qui m’ont prise que j’étais venue vendre de l’eau au stade », a témoigné Fatoumata Barry Âgée de 43 ans à la barre.

 

Mamadou Samba Barry